Comment réagir face à une personne suicidaire ?

Avec la crise sanitaire, les demandes dans les hôpitaux psychiatriques ne cessent de s’accroitre. Les patient.e.s arrivent aux urgences avec des idéations suicidaires, des comportements d’automutilation, des crises d’angoisses ou des somatisations importantes. Cependant, avant cette étape, ces personnes ont pu se tourner et parler de leur mal-être à un de leur proche : vous. Comment réagir face à des phrases telles que « Si j’étais mort, cela réglerait le problème », ou encore « Je n’arriverai plus à soutenir ce fardeau très longtemps… j’aime mieux être mort » ? Il peut être bouleversant d’apprendre qu’une personne qui nous est chère pense à se suicider. Toutes sortes d’émotions et de réactions peuvent naître de ce fait : peine, colère, sentiment d’impuissance, doute. Nous allons tenter de vous donner quelques pistes de comportements à adopter dans cette situation.

Les règles d’or :

Soyez disponible, mais sachez aussi mettre vos limites et prendre soin de vous.
Impliquez les ressources personnelles et professionnelles de la personne.
Contactez une ressource d’aide spécialisée en intervention de crise suicidaire pour établir un plan d’action (centre de prévention du suicide : 0800 32 123).

L’évaluation du danger imminent – 3 questions à poser :

Comment : Souhaites-tu passer à l’acte ? Quel est ton plan ? Comment t’y prendrais-tu (le moyen a-t-il été établi ?) ? De plus, savoir si le moyen est accessible et si oui, sécuriser l’accessibilité. Ne pas laisser la personne seule.
Où : A quel endroit veux-tu mettre fin à tes jours ? Où te vois-tu mettre fin à tes jours ? Voir si l’endroit ciblé est disponible.
Quand : Quand veux-tu que ça se termine ? Quand souhaites-tu ôter ta vie ?

Les pièges à éviter :

Ne jamais mettre une personne suicidaire au défi de le faire.
Ne jamais promettre le secret (personne n’est tenu à la confidentialité lorsque la vie d’une personne est menacée).
Évitez d’être moralisateur ou de juger les causes de la crise ou l’intensité de la réaction de la personne.
Ne pas minimiser la souffrance de l’autre.
Ne faites pas promettre à la personne de ne pas se suicider seulement pour vous rassurer.
Ne craignez pas d’aborder le sujet du suicide directement, vous ne lui donnerez pas l’idée.

Tentez ce qui suit:

Quand c’est possible, choisissez un moment et un endroit propices à la communication et à la confidence.
Restez calme et écoutez la personne sans jugements ni reproches.
Essayez de comprendre ce que la personne vit, encouragez-la et aidez-la à exprimer ses émotions.
Osez parler directement du suicide : « Penses-tu au suicide ?». Le fait d’utiliser le mot suicide produit un effet calmant et rassurant, car la personne sent que l’on n’a pas peur d’en parler ouvertement. Ce n’est pas lui suggérer l’idée que de demander directement à la personne si elle a des idées suicidaires, mais ouvrir la porte à l’expression de sa souffrance.
Utilisez les vrais mots et une formulation adéquate : « As-tu des idées suicidaires ? Penses-tu à te suicider ?» plutôt qu’en ces termes : « Tu ne penses pas au suicide quand même? ou encore «Penses-tu à faire des niaiseries?»
Posez un regard sur le niveau d’urgence de la situation en demandant à la personne comment, où et quand, elle pense à se suicider (plus le plan est précis, le moyen accessible et le moment rapproché dans le temps, plus il faut intervenir rapidement).
Encouragez la personne à évaluer sa situation et aidez-la à trouver d’autres possibilités que le suicide.
Soyez patient et attentif envers la personne et supportez-la dans ses démarches.
Transmettez-lui de l’espoir en l’aidant à trouver un(e) ou des personnes, projets, rêves qui valent la peine de demeurer en vie le temps de la crise.
Encouragez-la à faire des activités, de l’exercice, à rencontrer des gens, mais dans la mesure de ses capacités et à son propre rythme.

Centre de prévention du suicide : 0800 32 123 numéro gratuit 24h/24.

Si vous éprouvez des idées suicidaires, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un psychologue.

En cas d’urgence, appelez le Centre de prévention du suicide (0800 32 123) ou rendez-vous à l’hôpital le plus proche pour y chercher de l’aide.

Sources :

Séguin, M., & Chawky, N. (2015). L’intervention auprès des personnes en Crise Suicidaire. Ministère de la Santé, Tunisie.

Centre de prévention du suicide et d’intervention de crise du Bas-Saint-Laurent