Les écrans entre 3 et 6 ans
Avant 6 ans, il est préférable de favoriser des activités qui engagent les dix doigts afin de développer l’habilité motrice et le cerveau. Les enfants développent surtout leur imagination en créant de leurs mains notamment par le modelage, le dessin et le jeu avec les autres. Les écrans ne peuvent pas remplacer ces activités. Néanmoins, entre 3 et 6 ans, les écrans (ordinateur, télévision, console) peuvent être des dispositifs occasionnels de jeux en famille voire d’apprentissage accompagné. Ils sont intéressants à condition de respecter l’âge indiqué, de mettre en place des règles claires sur le temps passé dessus, les placer dans le salon et privilégier les jeux vidéo qu’on joue à plusieurs.
Dans l’article « les écrans avant 3 ans » présenté précédemment, nous avons vu que les écrans étaient complétement déconseillés en présence des enfants de moins de 3 ans. Cependant, il y a des nuances à apporter en ce qui concerne les enfants entre 3 et 6 ans. En effet, certains jeux sur les écrans interactifs ont été créés afin de développer deux types complémentaires d’intelligence : « intuitive » et « hypothético-déductive ». Ils encouragent la résolution intuitive où il faut d’abord agir pour comprendre, il faut procéder par essais et erreurs. Quant à la pensée hypothético-déductive, elle vise d’abord l’anticipation et le retour d’expérience. La sollicitation de ces deux formes d’intelligences dépend du type de jeu et de la personnalité du joueur.
Néanmoins, pour les enfants entre 3 et 6 ans, les écrans (télévision, ordinateur, jeux vidéo) ne sont pas sans danger car ils peuvent accaparer leur attention et leur temps. Certains enfants tendent à choisir des jeux vidéo pour fuir le monde concret. Le problème n’est pas lié au jeu lui-même mais plutôt au choix d’une manière de jouer. Les joueurs.euses développent une préférence pour un mode d’interactions. Ils.elles vont soit privilégier les interactions sensorielles et motrices soit des interactions émotionnelles et narratives. Un équilibre entre les deux formes d’interactions (sensori-motrices et narratives) correspond à un jeu socialisant qui augmente en parallèle les capacités mentales liées à la culture du livre et celles qui sont liées à la culture des écrans. Au contraire, le fait de privilégier exclusivement les interactions sensori-motrices correspond à un jeu appauvrissant et constitue le plus souvent une forme de fuite devant la réalité et un refuge.
La majorité des programmes regardés à la télévision par les enfants de 3 à 12 ans ne leur sont pas vraiment adressés. Ces programmes peuvent avoir un caractère traumatique. En effet, une forte charge émotionnelle les envahit de sensations et d’émotions qu’ils n’ont pas vraiment l’habitude de rencontrer dans la vie quotidienne. Chez les plus petits, l’insécurité générée par les écrans s’accompagne d’une attente de sécurisation qui ne vient pas, ce qui peut provoquer une crise de rage et/ou de désespoir une fois les écrans éteints. Ensuite, il est plus difficile pour les enfants d’attribuer un sens à ce qu’ils voient à la télévision, surtout lorsqu’ils sont seuls devant les écrans. Enfin, le temps passé devant les écrans diminue la possibilité de construire la capacité de jouer (jeu symbolique).
Afin d’éviter les effets néfastes des écrans, des repères clairs sont nécessaires. Voici quelques conseils qui peuvent vous guider en tant que parent:
- Les risques sont notamment diminués lorsque les âges indiqués sur les programmes et les applications sont respectés.
- Se tenir informé des films avant de les montrer aux enfants (s’ils les regardent seuls) offre l’occasion d’en discuter ensemble.
- Les jeux vidéo qui incitent à jouer à plusieurs sont plus intéressants car cela peut être un moment de partage en famille et d’apprentissages accompagnés. En jouant seuls, les enfants risquent de privilégier l’intelligence opératoire à l’intelligence symbolique. Dans ce cas, ils cherchent plutôt à réussir qu’à comprendre, le jeu devient plus stéréotypé et compulsif.
- Lorsque l’ordinateur, la télévision et la console sont placés dans le salon au lieu de la chambre, cela renvoie aux enfants qu’il s’agit d’un partage commun et qu’il y a des limites à respecter.
- Enfin, les limites seront plus acceptables pour les enfants si les différentes personnes qui s’occupent d’eux sont d’accord entre elles quant aux règles à imposer.
Source: Yapaka